• Bonjour à tous !

    J'en parlais il y a quelques temps et voilà qui est choses faite : La correction du Prologue et des 4 premiers chapitres vient d'être mise en place grâce à l'aide apportée d'une amie correctrice prénommée Ellebasi cool

    Attention cela ne veut pas dire qu'il n'y a plus aucune faute... cela veut juste dire que mon inattention et mes lacunes dans la langue de Shakespeare ont été atténuée grâce à la patience et au talent de cette petite fée !

    Du coup, c'est le moment parfait de se ruer sur la lecture de mon Roman ^^

    A bientôt

    Lulux


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  • Bien le Bonsoir !!!!

     

    Chose promise, chose due... Je vous disais plus tôt dans la journée que le chapitre 11 était sur le point de paraître. Et bien c'est chose faite à présent !!!! ^^

     

    Découvrez la suite des aventures de notre ami Aaron qui s'engouffre un peu plus loin dans sa destinée :

    CHAPITRE 11 : LE CHEMIN DE L’ÉVEIL

    Bonne Lecture à tous et n'hésitez pas à me laisser vos commentaires^^

     

    A vite

    Lulux


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  •  

    Si une brume épaisse enveloppait encore confortablement le haut de la montagne, le soleil quant à lui avait envahi tout l'intérieur des terres affirmant haut et fort que le jour était bel et bien levé. Au cœur de ce que l'on pouvait appeler un petit village, les enfants avaient longé le cours d'eau jusqu'à la cascade où ce dernier puisait sa source. D'ailleurs, ils restèrent là, sans voix, face au spectacle qui s'était offert à eux. Entre la mélodie issue de la chute d'eau et la farandole de couleurs nées du mariage entre soleil et lac, l'endroit avait des airs de paradis. Ce ne fut que quelques minutes plus tard qu'on les fit entrer dans une grande bâtisse construite au pied de la cascade.

    Après avoir parcouru un long corridor assez étroit où la tapisserie au teint rouge sombre témoignait d'un âge avancé, le petit groupe fut accueilli dans un salon. Ce qui était certains c'est que la pièce ne manquait pas de confort. Long canapé d'angle en cuir noir recouvert de cousins moelleux, table basse présentant une tripotée de livres et de jeux pour tous les âges, télévision à écran plat avec home cinéma et petit feu de cheminée crapotant quelques bulles de fumée de temps à autres. L'espace était idéal pour attendre et c'est justement ce que leur demanda Ginger avant de s'éclipser en compagnie de l'homme qui les avait accueilli. On leur servit au préalable un verre de jus d'orange puis Zoé, Léo et Aaron furent tous les trois délaissés.

    - Qu'est-ce que tu crois qu'on va faire ici ? Demanda Léo qui s'était déjà lancé dans la découverte de toutes les choses laissées à leur disposition.

    Plus en retrait, Aaron observait la pièce avec suspicion tout en tenant sa petite sœur qui s'était blottie contre lui. Il faut dire qu'avec tout ce que la pauvre avait vécu, elle était complètement apeurée. C'est simple : Elle n'avait pas prononcé un mot depuis leur départ de la maison familiale. Comme si elle était victime d'un de ces chocs psychologiques trop intenses causant un trouble de la parole. L'entraînant avec elle, notre adolescent se décida à aller s’asseoir sur le long fauteuil. Zoé s'allongea aussitôt et posa sa tête sur les cuisses de son frère.

    - Je n'en sais rien. Je ne suis même pas sûr de comprendre ce qui nous est arrivé jusqu'à maintenant.

    - Moi je pense que l'on va habiter là maintenant.

    - Sûrement pas ! Contesta Aaron qui espérait rentrer chez lui dès que possible.

    - Mais si, ils ont dit qu'on était en sécurité ici. Donc je pense qu'ils vont vouloir que l'on reste ici.

    - Et bien ils peuvent toujours espérer.

    Plus l'échange entre les enfants avança, plus les répliques du jeune Durtsam se firent avec voracité. Cet emportement créa la surprise chez Léo qui en laissa tomber le paquet de cartes dont il venait de se saisir. Ce fut un petit geste de sa sœur, une simple main posée sur la sienne, qui stoppa Aaron dans son élan d'agressivité. Un lourd silence s'installa alors dans ce lieu pourtant si proche d'un cocon chaleureux. Et si Léo reprit ses activités en ne prononçant plus le moindre mot, Aaron alluma le téléviseur pour l'aider à penser à autre chose.

    Une bonne demi heure s'écoula avant que quelqu'un ne daigne se montrer devant le trio qui avait respecté jusque là un silence religieux. Trois jeunes femmes aux tenues blanches identiques se placèrent alors devant eux avec bienveillance et volupté, avant que celle du milieu ne fasse un pas en avant et ne prenne la parole.

    - Il est temps pour vous de rencontrer Nôrmahra. Lui seul vous conduira vers la lumière pour éclairer votre destinée. Veuillez nous suivre !

    La voix douce et mélodieuse de la demoiselle obligea l'attention des enfants qui ne cherchèrent même pas à discuter. Telles des pantins envoûtés, ils suivirent les trois inconnues en restant toutefois anxieux sur ce qui les attendait. Zoé ne cessait de s'accrocher à son frère telle une sangsue. Le petit groupe longea un nouveau couloir aussi étroit que celui de l'entrée. Ils avancèrent jusqu'à descendre un escalier en colimaçon interminable. La dernière marche les déposa face à une galerie souterraine creusée à même la roche dont la seule décoration était les torches qui éclairaient l'endroit et les tentures fixées au mur par de gros pics de fer forgé. Ces dernières étaient de couleurs diverses et variées, représentant pour la plupart des sortes d'affrontements et plus précisément des batailles de guerre... Les scènes n'étaient pas vraiment joviales.

    - C'est ici que nos chemins se séparent. Prenez ce sentier les garçons et n'ayez crainte car au bout vous y trouverez le trésor qui sommeille en vous.

    Abandonnant l'observation attentive qu'il faisait sur la dernière tenture à sa droite, tenture qui affichait clairement un jeune garçon étranglant la tête d'un monstre possédant un corps composé uniquement d'une fumée noire jaillissant d'une fissure dans le sol, Aaron regarda le sentier dont la jeune femme venait de lui parler. Étroit, sombre et sinueux, avouons le, il ne donnait pas vraiment l'envie de s'y engouffrer. D'autant que de l'autre côté de la galerie se trouvait une porte dissimulée derrière une statut de pierre que l'adolescent avait de suite remarqué. Mais ce ne fut pas ce qui l'intrigua en premier lieu. Non le fait que la femme ait dit « Les garçons » avait fait naître une inquiétude pour sa sœur.

    - Et Zoé ?

    - Rassure toi, elle restera avec nous tout au long de votre entretien. Tu l'as retrouvera plus tard je t'en fais la promesse.

    - Je... D'accord !

    C'était infernal. Aaron avait beau détester l'idée de devoir à nouveau abandonner sa sœur, quelque chose en lui refusait de contredire le discours de son interlocutrice. Elle avait ce petit quelque chose dans les yeux et dans la voix qui virevoltait comme par magie jusqu'à lui pour l’enivrer et se répercuter tels des ricochets dans tout son être. Et puis ce rictus qui gonflait ses pommettes pour en faire ressortir son côté poupée adorable était tout bonnement imparable. Il venait donc d'accepter cette condition sans vraiment le vouloir et regarda sa sœur partir avec les trois femmes, l'air perdu et apeuré.

    - Qui tu crois que c'est Nôrmahra ? Une femme ? Un homme ? Le chef de la ville ?

    - Je n'en sais rien. Tout ce que je sais c'est qu'on va vite aller le voir pour sortir de là dès que possible. Je ne compte pas abandonner ma sœur longtemps.

    - A mon avis, c'est un magicien comme Elyas. Peut-être même qu'il est plus fort que lui. Je suis sûr qu'il a une longue barbe comme les grand magiciens. Du genre Merlin l'enchanteur !

    - Oui oui c'est ça tu as raison. Aller suis moi il faut qu'on avance.

    Le jeune Durtsam n'avait vraiment pas envie de perdre du temps avec des absurdités infantiles. Laissant rêver le plus jeune, il s'aventura le premier dans le sentier en plissant les yeux pour tenter de s'adapter à la noirceur qui les accueillit. Il ne fallut pas plus d'une minute pour que la lumière des torches ne leur soit plus d'aucune aide. Le noir n'était pas complet mais restait fort oppressant. A tel point, qu'Aaron sentit la main de Léo se cramponner à son T-Shirt. Le petiot avait bien du courage de surmonter tout cela sans même pleurnicher. Peu d'enfant de son âge aurait eu le cran qu'il avait. Même Aaron se demanda si il aurait eu l'audace de faire tout ce qu'il faisait. L'ambiance environnante était si obscure que les peurs et les angoisses s'accentuaient sans que personne en est le contrôle. Le moindre petit bruit, le moindre petit craquement de la roche était amplifié par la caverne. Ne pas savoir ce qu'il en était réellement jouait alors le rôle de repas pour l'ange de la peur qui s'amusait sadiquement avec la nervosité des deux petits aventuriers. Pour se rassurer et se rattacher à la réalité, Aaron avait gardé sa main en contact constant avec la paroi. Ainsi, même si le sentier dans la galerie était exigu, il était sûr et certains de la direction à suivre.

    - Aaron ? Tu crois qu'on y est presque ?

    - Je ne sais pas.

    - Mais tu crois qu'on arrive bientôt ?

    - Je ne sais pas je te dis. Je suis comme toi, je ne vois pas dans le noir. Tu aurais du rester là bas si tu as peur.

    - J'ai pas peur.

    - Ah bon ? Et tu peux me dire pourquoi tu me tiens alors ?

    - Je...

    - Chut !

    - Mais je...

    - Chuttt j'ai dit ! J'ai entendu un bruit.

    Le voile du silence se déposa sur les deux têtes blondes. Ils laissèrent s'écouler quelques secondes avant que le bruit perçu ne se fasse entendre à nouveau. Un bruit métallique, une sorte de cliquetis provenant sans doute d'une machine. Oui il s'agissait certainement d'un mécanisme car le bruit se répéta à un rythme constant. Mais qu'est-ce que cela pouvait bien être ? Le pire c'est qu'à force de se concentrer dessus, Aaron était persuadé que le bruit venait précisément de sous leur pied. Ce n'était pas possible. Le noir lui faisait sans doute perdre toute orientation. Seulement, lorsque les entre-chocs de métal se firent brusquement plus rapide, il n'y avait plus de doute possible.

    - Aaron... Tremblota la voix de Léo qui se demanda alors ce qui était entrain de se passer.

    Mais l’aîné n'eut le temps de ne rien dire. Le sol se déroba soudainement les obligeant à chuter sans avoir le temps d'échapper au piège. Dans un dernier réflexe, Aaron parvint in-extremis à s'accrocher aux rebords tandis que la main de Léo, toujours cramponnée à son maillot, le tira vers le bas par ses gesticulations apeurées. Luttant pour ne pas lâcher, l'adolescent tenta un coup d'oeil en bas mais malheureusement une fois encore, les ténèbres dominaient les lieux.

    - Léo ! Léo calme toi et essaye de grimper sur moi.

    - Je... je... je ne peux pas... je glisse.

    A bout de force, le gamin de neuf ans ne put tenir guère longtemps face à une telle situation catastrophe. Le tissu du vêtement glissa irrémédiablement le long de ses doigts pour finir par l'abandonner à son triste sort. Dans un cri d'horreur mêlé à celui d'Aaron, Léo sombra dans les abysses. Enfin c'est ce qui aurait du arriver si la main tendue de l'adolescent n'avait pas rattrapé le bras de son acolyte. Le geste était honorable et les yeux larmoyants de Léo prouvèrent qu'il en était reconnaissant. Seulement, une simple main pour maintenir deux corps dans le vide n'était pas chose facile, surtout pour un enfant de quatorze ans. L'attitude héroïque d'Aaron se transforma alors bien vite en erreur de jeunesse qui allait très vite les mener vers la mort. Ses muscles se crispèrent, ses doigts se raidirent, son visage caricatura la souffrance qu'il avait face à son impuissance. Puis l'inévitable fut : Il lâcha à son tour la prise, les entraînant tous les deux dans une chute au destin tragique.

    La chute parut interminable. Si interminable qu'Aaron eut l'impression à un moment de flotter dans les airs. Les cris du départ s'étaient interrompus comme si la mort avait déjà gagné leur corps et n'attendait plus que leurs os se brisent sur le sol. Mais tout cela n'était que subterfuge car l'adolescent sentit brusquement une force étrange le retenir dans sa descente infernale. Comme si une immense main invisible venait de l'accueillir avec délicatesse. Le vent s’atténua attestant du ralentissement dont il était la cible. Puis soudain, ses pieds touchèrent à nouveau le sol.

    - Léo ? Léo ? Tu es là ?

    - Ouiii... Qu'est-ce qu'il s'est passé ? émit la voix faiblarde du plus jeune.

    - Je n'en sais rien.

    A ces mots, des torches s'embrasèrent comme par magie juste à côté d'eux pour enfin permettre à leur vue de reprendre pleine possession de leurs moyens. La réaction d'Aaron fut aussitôt de lever la tête pour regarder le passage par lequel ils étaient arrivés. Ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'il vit son propre visage se refléter sur une substance similaire à de l'eau qui restait fixée au plafond. Qu'est-ce que cela pouvait-il être ? Était-il vraiment arrivé par là ? Curieux, il tendit le bras le plus haut possible, se mit même sur la pointe de pieds. Malheureusement, il était trop petit pour avoir accès à cette paroi étrange.

    - Aaron, je crois qu'on doit passer par là !

    La voix de Léo s'était élevée pour remettre l'adolescent sur le droit chemin. Il chercha son acolyte dans cet espèce de petit sanctuaire dans lequel ils avaient été envoyés. Et il le vit, là, à côté de deux magnifiques statues représentant deux guerriers aux armes acérées. Au milieu de ces dernières, un socle en verre qui s'illuminait d'une lueur blanche était présent et semblait n'attendre que la venue d'une chose à mettre en évidence. Rejoignant Léo d'un pas calme, Aaron observa les sculptures d'un œil intrigué.

    - Et qu'est-ce qui te fait dire ça ?

    - Bah cet écriteau sur le mur.

    En effet, trop encré dans son idée de percevoir le moindre nouveau piège, Aaron n'avait pas vu la plaque dorée qui avait été incrustée au mur. Sur cette dernière on pouvait y lire un message disant que les élus devaient se présenter un à un sur le Socle de l’Éveil. Voilà qui était bien étrange encore. A quoi devaient-ils s'attendre cette fois-ci ? Après une chute dans le néant, Aaron se préparait à tout. Il n'avait pas confiance. Pas confiance en cet écriteau. Pas confiance en ce lieu. Pas confiance en ce monde qui n'était pas le sien. Seulement, son inquiétude n'était pas vraiment partagée par Léo qui monta sans plus attendre sur le socle qui se mit à briller davantage.

    - Non !!! Descends de là ! Hurla Aaron en tendant une main vers lui.

    Seulement, il était déjà trop tard. Dans un éclair aveuglant, le petit garçon venait de disparaître ne laissant qu'un socle vide derrière lui. Un socle qui n'émettait plus aucune lueur. N'écoutant que son cœur, le jeune Durtsam voulut le rejoindre aussitôt et sauta sur le socle en attendant d'être à son tour frappé par la foudre. Il attendit. Attendit encore. Et cela dura quelques secondes qui furent bientôt une minute. Mais pourquoi cela ne fonctionnait-il pas avec lui ? Victime d'une vague d'énervement, Aaron se mit alors à sautiller sur la plate-forme de verre qui ne répondit pourtant pas à ses espoirs. Pire ! Dans son agitation, il loupa de peu le rebord et chuta sur le sol. Accusant la douleur, le souffle court, il préféra rester par terre et se mit alors dos au mur pour tenter de maîtriser toutes ces émotions qui le malmenaient. Inquiétude, colère, angoisse... La vie est parfois bien difficile à surmonter, surtout lorsque l'on se retrouve seul. Genoux repliés, bras enroulés autour, Aaron espérait que tout allait bien pour son jeune ami.

    Il resta dans cette position une dizaine de minutes à ressasser ses doutes et ses peurs. C'est alors, que le socle se remit à briller avec intensité. Il n'aurait su comment l'expliquer, toutefois Aaron était persuadé que son tour était venu. C'est simple de toute façon : l'écriteau disait bien qu'il fallait se présentait l'un après l'autre. Avalant difficilement sa salive, il se releva en frottant ses mains sur son pantalon. D'une démarche hésitante, il avança jusqu'à la plaque de verre puis hésita quelques secondes avant de poser le pied dessus. La lueur s'intensifia comme pour Léo et dans un nouvel éclair Aaron fut le second à disparaître pour une destination inconnue...

     


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  • Hello chers amis lecteurs !!!

    Quelle est donc cette rumeur que l'on entend tel un écho provenant des profondeurs de la Terre ? Serait-ce le cri d'une âme torturée ? Nonnn... Les conséquences climatiques de l'idiotie humaine ? Cela aurait pu mais non... ^^

    Non il s'agit en vérité de l'arrivée très prochaine du chapitre 11 !!!! Le temps pour moi de me relire et d'entreprendre les dernières corrections et il vous sera enfin révélé.

    En attendant, profitez de son image illustrative que je vous ai mis ci-dessus lolll

    A très vite !

     


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  • Chapitre 10 : Bienvenue à Cirthalan

     

    Alors que le jour n'avait pas encore totalement décliné son identité pour laisser le soleil envahir pleinement l'horizon, une silhouette fit son apparition aux abords d'un long sentier. Un sentier qui s'étalait sur le flanc d'une montagne avant de s'enterrer au cœur même de cette dernière. Des torches aux flammes scintillantes avaient été installées judicieusement tout le long pour l'éclairer à la perfection. Toutefois, si le lieu affichait une certaine sérénité, ce ne fut pas le cas du dernier arrivant. S'écroulant sur ses genoux, laissant alors retomber le morceau de bois qui l'avait conduit jusqu'ici, Aaron semblait avoir perdu toutes ses forces. Savoir que sa mère était en danger sans qu'il ne puisse rien y faire l'avait comme abattu. Il aurait tellement souhaité l'aider. Et puis son père, que lui était-il arrivé ? Pourquoi était-il devenu aussi détestable et hargneux ? Souhaitait-il vraiment sa mort ? Non non cela ne pouvait être vrai. Telle une âme errante, Aaron flottait dans l'océan de la perdition.

    Dans un bruit sec, Elyas ne fut pas bien long à apparaître à son tour. Son arme rengainée au niveau de sa ceinture, il portait dans ses bras la petite Zoé qui s'était blottie contre lui, complètement apeurée. Il jeta un regard à Aaron mais ne perdit pas de temps à tenter de consoler l'adolescent. Il alla récupérer le sceptre de Tancrède puis empoigna son protégé par le bras assez sèchement pour le remettre debout avec force et le traîner vers l'architecture en forme de dôme qui marquait le commencement du sentier.

    - Ne restons pas là ! Ils pourraient venir. Tu ne seras à l’abri que lorsque nous serons à l'intérieur du sanctuaire.

    Menant la danse, Elyas parcourut les quelques mètres en un temps record tandis qu'Aaron se laissait tracter. Il était telle une poupée de chiffon que l'on s'amusait à faire voyager au quatre coins d'une maison. Tel le boulet que l'on attachait jadis aux criminels. Présent mais sans vie. Il n'avait pas conscience de ce qui se passait autour de lui. Son esprit restait prisonnier de ce souvenir si récent qu'il venait de créer en compagnie de ses parents. Pourtant une certaine agitation se faisait autour de lui. Assis sur un banc de pierre, Rayane, Ginger et le jeune Léo attendaient silencieusement leur arrivée. Ils furent donc tous en alerte lorsqu'ils virent apparaître le trio dans un triste état.

    - Elyas ! Mais que s'est-il passé ? Est-ce que tout va bien ?

    - Nous avons évité le pire Ginger. Nous n'étions pas seuls.

    - Mais... Mais comment ?

    - Quelqu'un a du les prévenir.

    - Et Bradock ? Les interrompit soudainement Rayane

    Il est resté là bas pour me permettre d'amener le petit en sûreté. Mais il faut que j'y retourne pour l'aider. Il ne va pas pouvoir tenir longtemps.

    - Je viens avec toi.

    - Très bien. Ginger ? Tu peux t'occuper de les mettre tous en lieu sûr au sein du sanctuaire ?

    - Oui bien sûr. Et si besoin de renfort prévenez nous.

    - Ce sera fait !

    Clôturant la discussion, Elyas relâcha son étreinte qu'il avait sur Aaron sans que ce dernier ne s'en rende vraiment compte. Il confia la petite Zoé aux bras de sa comparse et s'évapora aussi rapidement qu'il était apparu. Rayane ne tarda pas à faire de même. Au cœur du dôme, un silence religieux se fit alors sentir. La peur était perceptible dans les yeux des trois enfants et aucun d'entre eux n'avait le courage de prononcer le moindre mot. Seule Ginger n'était pas victime de cette léthargie ambiante et était déjà entrain de récupérer des sacs d'affaires laissés non loin du banc. Une fois le tout en sa possession, elle se tourna vers les deux garçons toujours muets.

    - Aller ! Suivez moi ! Il ne sert à rien de les attendre ici.

    Pas un sourire, pas un semblant de compassion, Ginger n'était pas enclin à jouer la mère de substitution. Elle s'élança dans le long sentier creusé dans la montagne sans même prononcer une parole réconfortante. Léo hésita un instant à la suivre mais se ravisa à la dernière seconde en se ruant sur Aaron pour lui saisir la main. Surpris, ce dernier pivota la tête et ressentit une étrange sensation en voyant le sourire du petit garçon. Comme si une vague d'apaisement l'envahissait de tout son être par ce simple contact humain. Il sentit un frisson l'envahir puis des larmes lui montèrent aux yeux. Toutefois il se concentra pour ne pas craquer devant Léo. Il ne voulait pas l'effrayer plus qu'il ne devait l'être. Et puis, il avait raison. Bien sûr il n'avait rien dit mais son geste en disait suffisamment pour que le message soit compris par Aaron. Il était inutile de rester là. Prenant une bonne inspiration, notre ami se lança à son tour dans le sentier en compagnie de son jeune acolyte.

    Si l'ascension fut longue et ennuyeuse, lorsque le petit groupe s'enfonça au cœur même de la montagne, la magie du lieu les laissa sans voix. Qui aurait pu croire qu'une montagne si ordinaire et rocailleuse pouvait dissimuler en son sein un tel trésor. Construite dans le cratère, Cirthalan se dévoila enfin aux yeux du jeune Durtsam, qui l'espace d'un court instant oublia tous les malheurs qui le tourmentaient. Il était comme hypnotisé par la vision féerique de l'endroit. Et même si les prémices du jour ne permettaient pas une visibilité complète, les torches installées un peu partout laissaient entrevoir le principal. Mieux encore, elles offraient un accueil magique aux nouveaux arrivants.

    Ce que Elyas avait appelé un sanctuaire était davantage comparable à une petite ville aux architectures aux connotations elfiques envoûtantes. Trois magnifiques tours trônaient au milieu du domaine. D'une grandeur époustouflante, chacune d'entre elles se démarquaient des autres en arborant sa propre couleur : Ambrée pour l'une, argent pour l'autre et marbre pour la dernière. Toutes les trois étaient reliées deux à deux par de longues passerelles. Et aux pieds de ces tours filaient un cours d'eau qui puisait sa source d'une cascade visible tout au nord du cratère. Autrement, on pouvait remarquer diverses petites bâtisses qui se comptaient par dizaine à divers endroits de la ville. Bref, Cirthalan n'avait pas fini de les surprendre.

    - Vous allez vous dépêcher un peu tous les deux ! Une longue journée nous attend donc ce n'est pas le moment de rêvasser, râla Ginger de sa voie nasillarde.

    Sans doute habituée du spectacle, la quadragénaire n'avait marqué aucune pause dans son avancée contrairement aux deux garçons. Elle était donc assez loin devant eux entrain de les fusiller du regard. Et lorsqu'elle vit qu'elle avait capté leur attention, elle reprit de plus belles en entamant la descente qui allait les mener au beau milieu du sanctuaire. Ne tardant pas plus, Léo lâcha la main d'Aaron et partit en courant pour la rejoindre. L'excitation était perceptible dans ses mouvements. Et ses yeux d'enfants brillaient comme le soir de Noël face à un sapin entouré de cadeaux. L’adolescent fut moins expressif. L'envie d'en découvrir plus le tiraillait mais son inquiétude pour sa mère le refrénait. Songeant au fait qu'Elyas était reparti chez lui, il se raccrocha à cet espoir. Avec un peu de chance, il arriverait à temps pour l'aider.

    - Aaron ! Tu viens ? L'interpella la voix de Léo qui était déjà bien loin devant.

    - J'arrive ! Lui répondit-il en levant les bras et en arborant un sourire forcé.

    A son tour, il entama ainsi la descente. C'était donc chose faite : Le quatuor venait de pénétrer dans Cirthalan.

                                                             ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤

    Un léger craquement dans l'air fut révélateur de leur arrivée. Et aux yeux du meneur, tout semblait différent. L'aura menaçante ne flottait plus dans l'atmosphère autrefois chaleureuse de cette maison. Comme si elle avait pris soin de partir avant que les renforts ne soient là. Comme si les rayons naissants du soleil les avaient chassé par leur pureté étincelante. D'ailleurs, il n'y avait plus aucun signe de vie. Juste les traces d'un lourd combat qui avait tout détruit sur son passage. La décoration intérieure des Durtsam n'était plus ce qu'elle était. De nombreux meubles avaient été réduits à néant, des bris de verre jonchaient le sol de partout, les canapés étaient renversés sur le côté et laissaient apparaître plusieurs éventrations. Mais ce qui dominaient la pièce furent ces traces noires. Des traces présentes aussi bien sur le sol que sur les murs ou sur les quelques meubles ayant survécus. Des traces laissées par les corps perforés des elfes noirs qui s'en étaient pris à eux.

    Les yeux d'Elyas s'écarquillèrent en constatant l'ampleur des dégâts tandis qu'il eut du mal à déglutir. Comment les choses avaient-elles pu tourner aussi mal ? Ayant plus de recul, Rayane ne resta pas là figé comme son ami. Les sens aiguisés, il s'avança prestement vers une de ces flaques visqueuses  d'un noir de jais et il y plongea son doigt. Il en renifla la substance, qui dégoulina comme de la confiture avariée, avant de s'essuyer grâce à un tissu qu'il sortit de sa veste. Genoux à terre, il pivota simplement la tête pour regarder Elyas d'un air inquiet.

    - Ils viennent tout juste de quitter les lieux. Je peux sentir leur puanteur aussi clairement que si ils étaient en face de moi.

    - Tu en es sûr ?

    - Aussi sûr que je le peux. Je ne suis plus traqueur depuis un moment.

    Contrarié, Elyas décida de faire confiance à son ami même si cela insinuait qu'il ne retrouverait pas la mère d'Aaron. Sans même le vouloir, il s'était attaché à cet adolescent, à ce jeune homme dont la destinée était maintenant liée à la sienne. Il aurait tant voulu lui apporter une bonne nouvelle. Malheureusement ce ne serait sans doute pas le cas. Il se refermerait une fois de plus sur lui et Elyas mettrait encore du temps à briser l'immense carapace qu'il se plaisait à installer autour de lui. Pauvre gamin. Faisant mine de s'intéresser aux décombres dans le but de chercher un indice, il tourna en rond dans la pièce en empoignant de temps à autres des objets inutiles. Un livre eut même le droit à un joli vol plané sur ce qui restait de l'ancienne table de salon.

    - Elyas ! S'écria soudain Rayane qui faisait la même chose que lui dans un autre coin de la pièce.

    - Quoi ?

    - Regarde ! Du sang ! Du sang humain ! Tu crois que c'est celui de...

    - Bradock.... BRADOCK !!!!

    Cette pensée venait de lui revenir comme un retour violent de boomerang. Pas celui que l'on rattrape avec succès, mais plutôt celui que l'on oublie et que l'on reçoit en pleine tête. A trop se centraliser sur Aaron, il en oubliait qu'il était là pour Bradock. Il l'avait laissé là à combattre seul l'ennemi le temps que l'adolescent soit mis en sûreté. Mais où était-il ? Parti à la poursuite de ceux qui leur avaient tendu un piège ? Non ce n'était pas possible. Ce nain était peut-être doté d'un fort caractère et très têtu, il restait néanmoins l'un des plus droits et respectueux des ordres qu'on lui donnait. Il ne se serait jamais jeté dans la gueule du loup. Mais alors, où était-il donc ?

    Les voix des deux hommes se mirent à s'élever dans toute la demeure. Tout le rez de chaussé fut fouillé de fond en comble et même l'extérieur au cas où quelque chose aurait poussé Bradock à fuir ces murs. Mais il n'y avait aucunes traces de lui. Ils filèrent alors à l'étage mais furent freinés dans leur course pas le bras tendu de Rayane qui montra avec inquiétude d'autres traces de sang présentes tout en haut de l'escalier. Soudain un bruit sourd leur révéla qu'ils n'étaient pas seuls dans ces lieux. Silencieusement, les deux hommes s'observèrent et ils comprirent rapidement dans leur regard respectif ce qu'ils avaient à faire. Ils dégainèrent leurs armes. Une épée pour Elyas tandis que Rayane révéla une fine lame camouflée dans sa canne. Puis, d'un hochement de tête, ils décidèrent d'avancer prudemment, pas à pas, en suivant les traces de sang laissées comme seules preuves d'un passage récent. Secondes après secondes, les cœurs des deux hommes s'emballèrent comme tiraillés par une peur grandissante.

    Le sang les mena jusqu'à la porte de la chambre des parents. Close, elle ne semblait pas avoir bougée depuis qu'Aaron avait été expulsé par sa mère pour le protéger des griffes de son père. La gorge sèche, les mains moites, Elyas s'était plaqué contre le mur et se préparait à tourner la poignée tandis qu'il faisait un signe à son comparse pour se préparer à toute éventualité. Qui sait ce qui les attendait à l'intérieur ? Ami, ennemi ? Le feu vert fut lancé par Rayane et sans attendre Elyas ouvrit avec force la porte qui eut toutefois du mal à tourner sur elle même. Ils pénétrèrent dans la chambre mais rien. Rien d'étrange ne sauta à leurs yeux. Tout semblait à sa place. La fenêtre était fermée, le lit était proprement fait, la commode présentait parfaitement tous ces petites babioles. Il n'y avait pas la moindre trace d'intrusion, comme si la pièce avait été épargnée.

    Mais le silence macabre qui sommeillait ici n'était pas pour les rassurer. Quelque chose s'était produit en ce lieu, c'était une évidence. Elyas voulut connaître l'avis de Rayane mais fut troublé par la terreur qui s'affichait dans les yeux de ce dernier. Le teint aussi blanc que l'ivoire, quelque chose venait de l'effrayer. Et si lui était autant choqué, c'est qu'il venait de se passer quelque chose de grave. Elyas pivota sur lui même pour regarder dans la même direction que son ami et fut alors face à la triste réalité. Là, face à eux, cloué à la porte, gisait le corps sans vie de Bradock. Plusieurs plaies ouvertes étaient visibles sur son corps et son sang avait imbibé une bonne partie de ses vêtements. Cependant, ils savaient que la mort du nain n'était pas due à ses blessures. Non, car il suffisait de voir la noirceur de ses veines pour comprendre qu'il avait succombé à un maléfice d'un grande cruauté.

    Elyas se laissa tomber sur le sol, son arme claquant brillamment sur le parquet. Aucun sons ne sortit de sa bouche. Pourtant il en avait tellement à évacuer : Colère, douleur, rancoeur, rage.... Mais non, c'était comme si il était devenu muet. Seules les larmes qui coulèrent sur ses joues crièrent son mal être tandis que Rayane tenta de poser une main compatissante sur son dos. Toutefois, ce dernier fut attiré par autre chose. Une petite chose qui allait se montrer bien plus importante que ce qu'elle ne laissait paraître. Un morceau de papier dépassait de la poche du veston de Bradock. Combattant sa peine, Rayane alla le récupérer et en parcourut les quelques mots griffonnés. Il ferma les yeux comme anéanti et revint se placer devant Elyas en lui tendant le mot.

    - Je crois que nos ennuis ne font que commencer.

    Les yeux larmoyants, Elyas resta toutefois intrigué par la phrase de son comparse et décida de prêter attention à ce qu'il lui montrait. L'écriture était loin d'être la plus soignée mais on pouvait y lire clairement le message. Un message qui lui glaça le sang. Un message qui disait :

                                                        La mort n'est jamais très loin
                                                 Un faux pas et le prochain trépassera

     

    Suite "Chapitre 11"


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