• Chapitre 9 : Retour à la Maison

     

    La porte de la chambre s'entrouvrit dans un timide grincement. À pas feutrés, une délicate silhouette s'immisça dans la pénombre et se faufila entre les lits des deux garçons endormis encore profondément. Vêtue d'un pyjama léger et d'une robe de chambre rose pâle, la personne prit place assise sur le matelas d'Aaron et l'observa un instant sans oser le réveiller. D'un geste maternel, elle alla même jusqu'à lui replacer les cheveux qui retombaient sauvagement sur son front. Brusquement, le filet de lumière qui s'échappait de la porte s'agrandit pour illuminer une bonne partie de la pièce. Et ce jusqu'à ce que le visage fatigué d'Edwin soit ébloui. Elle en sursauta et cligna des yeux le temps de s'habituer à cet éclat trop puissant. Lorsque l'habitude se fit, elle vit Elyas sur le pas de la porte qui la regardait d'un air empressé. Il plissa les yeux et lui montra sa montre en tapotant dessus. L'heure était plus qu'arrivée. Elle le savait. Mais réveiller farouchement ces enfants n'était pas une chose qu'elle cautionnait. Elle hocha la tête et commença alors à remuer gentiment l'épaule du garçon de quatorze ans.

    La nuit avait été courte pour Aaron. Déjà qu'il n'avait pas trouvé le sommeil rapidement en raison de tout ce qu'il avait en tête depuis la veille. Sa nuit avait été mouvementée par des rêves et cauchemars en tout genre qui mettaient en scène ses parents. Lorsque Edwin l'extirpa des bras de Morphée, il eut même l'impression de voir sa mère à son chevet. Mais très vite la brume du réveil s'estompa pour laisser entrevoir le visage tout aussi doux de la servante.

    - Il est l'heure ?

    La servante acquiesça avec grand sourire puis l'abandonna pour s'occuper du jeune Léo. Aaron se frotta les yeux et s'empressa de s’asseoir sur son lit. Le moment tant attendu était enfin arrivé. Elyas était toujours présent sur le seuil de la porte et les observait sereinement.

    - Je croyais que tu serais un peu plus pressé de partir ? L'interrogea-t-il avec plein de malice.

    Piqué au vif, Aaron s'empressa de sauter du lit pour s'habiller en un temps record. A l'inverse, Léo eut bien plus de mal à ouvrir les yeux. A tel point, qu'Edwin décida de le prendre dans ses bras et de s'occuper de lui pour le préparer. Fin prêt, le jeune Durtsam rejoignit Elyas qui se recula pour le laisser entrer dans le sas au lustre magique.

    - Nous vous attendons en bas Edwin. Ne tardez pas trop !

    La porte se referma sur la jolie rousse qui était entrain de sortir les affaires du plus jeune résident de la maison. Sans s'échanger la moindre parole, Aaron et Elyas gagnèrent alors le rez de chaussé. L'aîné se dirigea aussitôt vers la bibliothèque suivit par notre jeune ami. Tout le monde était déjà là à attendre sûrement le départ. Rayane était assis tranquillement sur une chaise, plongé dans une lecture passionnée d'un livre parlant de l'inde selon ce que put entrevoir Aaron sur la tranche. Ginger se tenait droite et fière devant la fenêtre, le regard perdu dans l'horizon, caressant avec indifférence son chat. Bradock quant à lui attendait patiemment auprès de la cheminée, une pipe coincée entre les lèvres.

    A l'arrivée du duo, tous les regards se tournèrent vers eux. Des ondes de stress émanèrent de chacun. Du moins c'est ce qu'en ressentit Aaron en voyant les trois se redresser rapidement puis se rejoindre au centre de la pièce en affichant des visages fermés.

    - Il était temps. Nous avons déjà sept minutes de retard sur le planning ! Se plaignit la seule femme présente.

    - Et où est le jeune Rhys ? Enchaîna aussitôt Rayane en le cherchant du regard.

    - Un peu de calme s'il vous plaît. Il n'y a pas de raison de s'inquiéter. Personne à part nous n'est au courant. Donc prenez le temps de respirer. Les choses vont parfaitement bien se passer. Léo va arriver. Edwin s'occupe de le préparer. Est-ce que tout le monde sait ce qu'il a à faire ?

    - Bien sûr ! Pour qui nous prends tu ? Ce n'est pas la première fois que l'on s'occupe d'un transfère.

    La voix de Ginger était bien plus piquante que la veille. Ce qui n'échappa pas à Aaron qui la regardait d'un air troublé. Pourquoi donc paraissaient-ils tous autant tendus ? Ils allaient juste rendre visite à ses parents puis ils partiraient vers ce sanctuaire dont il avait déjà oublié le nom. Rien de dangereux sauf si quelque chose échappait totalement au jeune Durtsam. Mais bon qu'importe, l'empressement avait le monopole chez ce dernier qui trépignait d'impatience de retrouver ses parents. Normal alors de voir ce sourire se dessiner lorsqu'Edwin et Léo les rejoignirent quelques secondes plus tard. Le pauvre enfant avait la tête comme une citrouille et ne semblait pas encore vraiment comprendre ce qui était entrain de se passer.

    - Nous devons y aller. Les enfants dites au revoir à Edwin et rejoignez votre binôme. Léo avec Ginger et Rayane. Aaron avec Bradock et moi-même.

    Léo embrassa la jeune femme sur la joue puis traîna les pieds jusqu'à rejoindre son groupe. Mais la surprise vint de la part d'Aaron. Elle qui pensait ne recevoir qu'un simple au revoir de sa part, Edwin resta abasourdie lorsque ce dernier la prit dans ses bras pour la remercier. Elle en eut les yeux larmoyants mais se retint de pleurer. Pour l'adolescent cet excès de tendresse traduisait en réalité un remerciement déguisé. Celui de lui avoir permis de contacter ses parents pour les prévenir. Bon et puis aussi parce qu'au fond de lui il était tombé sous le charme de ce modèle de gentillesse sur patte. Ceci fait, il rejoignit à son tour son binôme et le départ put enfin être annoncé.

    - Bien, on y va. Rendez-vous à Cirthalan. Et ne tardez pas trop !

    Aussitôt le conseil entendu, Ginger disparut une main posée sur son collier et l'autre tenant son chat. Rayane ne tarda pas à faire de même. Il empoigna une canne qu'il avait laissé posé contre une étagère et demanda à Léo de lui prendre la main. Le trio parti, ce fut autour de celui d'Aaron de faire de même.

    - On se rejoint devant la porte d'entrée.

    Bradock, qui n'avait pas ouvert la bouche jusque là, semblait toujours aussi sceptique à cette idée de faire un détour chez la famille des enfants. Mais résigné, il fit tournoyer sa bague autour de son doigt et sa silhouette s'évapora à son tour. Elyas fut le plus long à partir au grand dam d'Aaron. Il prit le temps de récupérer le bâton qu'Edwin avait descendu à sa demande et confia à cette dernière quelques ultimes recommandations durant son absence.

    - C'est à nous Aaron. Tu connais déjà ce sceptre n'est-ce pas ? A toi de jouer donc.

    Les yeux brillants, notre jeune garçon ne se fit pas attendre bien longtemps. Il lança ses deux mains à l'assaut du morceau de bois sculpté et très vite il retrouva les sensations qu'il avait connu par le passé. Vertiges, lumière blanche puis il plongea dans l'obscurité la plus totale.

                                                             ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤

    Son envol dans l'obscurité dura moins longtemps que dans ses souvenirs. En à peine quelques secondes, il sentit ses pieds se déposer sur sol dur et granuleux. Une route. Puis lorsque le malaise du voyage s'évapora pour lui permettre d'ouvrir les yeux, un bonheur intense put se lire dans l'étoile étincelante perceptible au cœur de ses iris. Il était enfin de retour chez lui. La maison n'avait pas changé. Où peut-être juste au niveau de la pelouse qui avait besoin d'être rafraîchie. Mais il n'allait pas en vouloir à son père. Sans doute avait-il passé les derniers jours, voire semaines, à rechercher son fils. Une vague d'émotion tenta de submerger Aaron qui sentit des fourmis lui parcourir le bout des doigts et son cœur s'emballer comme jamais.

    - Saletés de cabots !!! Ils ne peuvent pas faire ça ailleurs, s'éleva une voix furieuse non loin de là.

    Sans même tourner la tête, l'adolescent en reconnut aisément le propriétaire. Mais le rire moqueur que manifesta à ses côtés Elyas le poussa à la curiosité. Il découvrit alors sans surprise le bougonnant Monsieur Sigrun dans une mauvaise posture. De toute évidence, il n'avait pas eu autant de chance qu'eux en arrivant puisqu'il venait d’atterrir en plein dans des excréments de chien. Le fou rire gagna automatiquement Aaron qui le vit nettoyer sa chaussure avec bien du mal.

    - Ça doit être le chien des Sillester, nos voisins. Il est encore très jeune et enchaîne bêtises sur bêtises.

    - Argh ! C'est donc les maîtres qu'il faudrait éduquer !

    - Oh mais vous savez ils sont très sympas comme voisins. La dernière fois ils se sont même proposés pour garder ma petite sœur et permettre à mes parents de venir me voir à...

    - La gentillesse n'est pas chose conciliante avec les animaux. Il faut de la poigne, de la volonté et du caractère. Croyez vous que mon grand père aurait réussi à apprivoiser un dragon si il avait été « sympa » comme vous dites.

    - Je... Vous rigolez ? Hein il rigole Elyas, ça n'existe pas les dragons ?

    L'air ahuri, Aaron tentait de chercher du réconfort en la personne de l'homme qui l'avait aidé jusque là. C'était invraisemblable ! Ces êtres imaginaires et terrifiants ne pouvaient pas exister. Pourtant, les railleries de Bradock semblaient confirmer ses propos. Jour après jour un nouveau monde se dévoilait à notre jeune garçon. Il nageait dans un océan de peur et d'émerveillement dont il n'avait aucune idée de la profondeur et de la dangerosité. Mais curieux comme il était, en découvrant l'existence de quelque chose ses angoisses disparaissaient bien vite pour ne laisser que l'envie d'en savoir plus. Seulement, pour l'heure, son envie fut vite écourtée par l'air inquiet qu'affichait Elyas en observant la maison.

    - Quelque chose ne va pas l'ami ?

    - Un étrange pressentiment Bradock.

    - De quel genre ?

    - J'ai l'impression que nous ne sommes pas seuls ici. Du moins, nous ne sommes pas les premiers à venir en ce jour.

    - Qu'est-ce qui te fait dire cela ?

    - Ces traces de pas fraîches dans l'herbe qui se dirigent vers la maison mais n'en ressortent pas. Et puis il y a quelque chose d'étrange... comme si nous étions espionnés.

    De nouveau, Aaron était la proie à un vent de panique complet. Cet échange n'avait rien de rassurant. Et le fait de savoir que ses parents étaient peut-être en danger lui était insupportable. Il observa Elyas puis Bradock à la recherche de ce qu'il fallait faire ou plutôt de ce qu'ils comptaient faire. Sa bouche s'assécha, ses mains tremblèrent. Et si l'intuition d'Elyas était dans le vrai, qu'adviendrait-il ? A cet instant, une lumière du haut s'alluma pour laisser apparaître au niveau de la fenêtre une silhouette cachée par le rideau blanc. Cette silhouette, Aaron n'eut aucun mal à la reconnaître puisqu'il s'agissait de celle de sa mère. Poussé par l'amour liant une mère à son fils, le jeune garçon s'élança en courant sans avoir l'approbation de ses accompagnateurs. Ils eurent beau le rappeler à l'ordre, crier son nom, son esprit était déjà ailleurs. Près de sa mère qu'il l'attendait certainement en haut après avoir reçu sa lettre.

    Il entra sans aucun mal puisque la porte n'était pas fermée à clé. Étrange surtout connaissant les manies de son père. Mais qu'importe cela n'avait aucune sorte d'importance à ses yeux. Il gravit l'escalier menant à l'étage aussi vite qu'il le put et traversa le couloir le souffle court en se rapprochant de cette lumière qui débordait de l'embrasure de la porte de la chambre de ses parents. Enfin, arrivé devant, il la poussa fébrilement pour découvrir sa mère assise face à sa commode, se peignant les cheveux. Son parfum enivrant virevoltait déjà dans la pièce.

    - Maman !

    Le mur solide qu'il s'était construit depuis maintenant plusieurs jours s'écroula tel un château de cartes. Il en avait la voix fragilisée par les pleurs et ses joues scintillaient déjà de par les premières larmes qui y dansaient voluptueusement. Enfin, il la retrouvait. Son absence avait duré un peu plus d'une semaine mais le manque avait été si intense que cela lui avait paru une éternité. Surprise par la voix de son fils, Laurena Durtsam se redressa avec affolement tandis qu'Aaron courut pour se blottir tout contre elle. Ils s’enlacèrent longuement tous les deux sans qu'un seul ne brise ce moment si particulier.

    - Ohhh mon bébé. J'ai cru t'avoir perdu. Où étais-tu donc passé ?

    Laurena était toute retournée et Aaron ne pouvait qu'en comprendre les raisons. Lui même avait difficilement vécu cette brusque séparation. Il garda ses mains liées à celles de sa mère mais se recula légèrement afin de pouvoir la regarder dans les yeux. Dans le visage de cette dernière régnait un bonheur immense qu'il partageait tout autant. C'est sans doute à cet instant qu'il se rendit compte à quel point il tenait à sa mère. Rebelle comme tous les adolescents, il avait préféré occulter cette faiblesse. Seulement, avec ce qu'il venait de vivre, il voyait les choses tout autrement.

    - Je suis désolé maman. Je n'ai pas voulu ce qui est arrivé et encore moins te faire de la peine. J'ai même voulu rentrer plus tôt mais on m'en a empêché.

    - Qui ça on ?

    - Des gens. Mais ne t'inquiètes pas ils ont été super gentils. D'ailleurs ils sont venus avec moi pour vous parler.

    - Parler de quoi ?

    - De ce que je suis. Ils disent que je suis quelqu'un de particulier et que c'est dû à une lumière bleue entrée en moi quand j'étais petit.

    Cette révélation fit frissonner Laurena qui afficha un air effrayé. Son teint se mit à blanchir et elle sanglota de plus belle. Cependant, Aaron vit bien que cette fois-ci, les pleurs n'étaient pas les mêmes. Une douleur était palpable dans les traits de son visage. Elle s'accroupit pour se mettre à sa hauteur et eut ce regard chagriné et plein d'inquiétude qu'il détestait.

    - Ohhh mon bébé. Je suis désolé. Je savais que cela ne serait pas sans conséquences. J'aurais du te protéger.

    - Me protéger de quoi ?

    - De moi !

    Cette voix puissante était intervenue de façon magistrale surprenant nos deux protagonistes qui sursautèrent en se tournant vers le nouvel arrivant. Là, fier et froid comme à son habitude, Gabriel Durtsam se tenait devant eux, affichant un air ravi et machiavélique. Laurena s'empara d'Aaron et le tira jusque derrière elle comme pour le défendre.

    - Bon retour à la maison Aaron. Tu sais que tu m'as manqué. Et merci bien pour ce petit cadeau car sans cela je n'aurais pas été présent pour ses si touchantes retrouvailles.

    Dans sa main, écrasé en boule, il dévoila un morceau de papier gris argenté que l'enfant n'eut aucun mal à reconnaître. Il s'agissait de la lettre qu'il avait envoyé pour les prévenir de son retour. Gabriel enserra sauvagement le document avant de le balancer dans un coin de la pièce pour s'en débarrasser. Après tout, il n'en avait plus besoin.

    - Et bien, tu ne viens pas embrasser ton père ?

    - Je t'en prie Gabriel. C'est ton fils ! Tu ne peux pas faire ça.

    - Ne joue pas à la plus idiote Laurena. Nous avions un accord je te rappelle.

    - Je ne suis plus d'accord.

    - Oula mais il est trop tard. Que tu le veuilles ou non, ton fils m'appartient et nous l'enverrons là où il a été décidé de l'emmener.

    - Mais ils vont le tuer !

    - Qu'il en soit ainsi alors. Si c'est pour le bien de notre monde je suis prêt à faire ce sacrifice.

    - Mais est-ce que tu entends ce que tu dis ? N'as-tu donc plus aucun cœur ? Où est passé le Gabriel que je connaissais, celui que j'ai décidé d'épouser et avec qui j'ai fais ma vie ?

    - Tu sais très bien que nous ne pouvons faire autrement.

    - C'est ce que toi tu penses Gabriel ! Depuis qu'ils t'ont offert une place dans leur rang tu es devenu quelqu'un de détestable.

    - Suffit !!!! Donne moi Aaron et je te promet que tu n'entendras plus jamais parlé de moi.

    - Jamais !!!

    Le règlement de compte était arrivé à son paroxysme. Brosse à cheveux en main, Laurena déversa toute sa colère en pointant l'objet en direction de son mari. Ce dernier s'éleva dans les airs et valsa contre le mur de gauche. L'impact fut des plus violents faisant tomber un cadre par la même occasion qui explosa en morceau une fois par terre. La propriétaire des lieux empoigna ensuite son fils et l’entraîna le plus rapidement possible en dehors de la chambre. Seulement, arrivé presque au bout, Aaron sentit la main de sa mère lui échapper avec force. Il se retourna et la vit avec stupeur en proie avec le tapis de la chambre. Ce dernier s'était enroulé autour de ses jambes et l'empêchait de progresser plus loin.

    - Va chercher ta sœur Aaron. Et sortez de la maison !

    La panique se ressentait chez l'adolescent qui ne savait plus comment réagir. Il avait l'impression de manquer d'air tellement son rythme cardiaque et sa respiration s'emballaient. Il n'avait pas envie d'abandonner sa mère mais en même temps il avait bien trop peur. Il ne savait d'ailleurs même pas comment il tenait encore debout tellement ses jambes menaçaient de s'effondrer. Mais un nouveau pic de stress l'obligea à faire quelques pas en arrière lorsque son père montra de nouveau son visage, les lèvres en sang.

    - Tu vas venir avec moi ! Pesta-t-il de colère

    - Fuyez !!!!!!

    Le dernier cri de sa mère, emplit de douleur, fut suivi par un autre geste de sa part qui claqua la porte devant son nez, le protégeant de l'assaut de son père. Tétanisé, Aaron n'avait en tête que les yeux larmoyant et débordant de détresse de sa mère. Instinctivement, il fit un premier pas en direction de la porte mais le hurlement de sa mère revint tel un écho pour le remettre sur le droit chemin. Il se résigna à aller l'aider et se décida à écouter ses ordres.

    Dans un pas de course effréné, il partit en direction de la chambre de sa petite sœur. Sa mission était simple, il n'avait qu'à aller tout droit pour traverser le long couloir et prendre la première porte sur sa droite. Seulement, au moment même où il arriva au niveau de l'escalier menant au rez de chaussé, un homme fut projeté et retomba à ses pieds. Il était recouvert de sang. Aaron ne chercha même pas à comprendre ce qu'il se passait en bas. Il l’enjamba et poursuivit son chemin. Toutefois, il n'avait pas prévu qu'une étreinte se fasse autour de sa cheville et il se rétama de tout son long. Apeuré, il tourna sur lui même et vit que l'homme qu'il pensait mort était encore de ce monde. Le regard noir, les oreilles pointus, il ricana stupidement et se mit à ramper vers le gamin, un couteau à la main. Poussé par la peur, Aaron se débattit violemment de ses jambes et frappa en plein dans la mâchoire de l'homme qui lâcha son emprise. Notre garçon en profita pour s'échapper et gagna la chambre de sa sœur en quelques secondes. Il referma la porte en la claquant et en collant son dos contre, comme pour la retenir contre une éventuelle intrusion.

    - Aaron c'est toi ? Tu es rentré ? Je le savais !!!!

    La voix pétillante et pleine de vie de sa sœur venait de l'interrompre dans son entreprise. Et en même temps, que pouvait-il bien faire contre ce molosse ? Sans réelle surprise, lorsque l'inconnu tenta de défoncer la porte, Aaron valsa au pied du lit de Zoé qui se mit à s'époumoner. Il vit alors la lame de l'homme s'approcher dangereusement de lui et retint son souffle lorsqu'il se jeta sur sa gorge. Mais curieusement, le couteau ne l'atteignit jamais. Son agresseur poussa un bruit étrange et s'effondra à ses pieds pour laisser apparaître derrière lui Elyas. Ce dernier tenait dans sa main une épée dont l'extrémité était enduite d'un liquide noir visqueux.

    - Est-ce que tout va bien ?

    - Oui ! Oui je crois.

    - Très bien alors partons d'ici.

    - Mais... Mais ma mère. Il faut aller l'aider.

    - Trop tard Aaron. C'était un piège tu ne peux rien pour elle !

    - Non !!!!! S'écria-t-il en pleur sous les yeux de Zoé qui restait terrorisée en boule dans son lit.

    - Vous … Vous devez l'aider ! Mon père est devenu fou.

    - Il n'est pas fou c'est un des leurs et nous ne pouvons rien faire pour lui.

    - Mais pas ma mère. Vous devez l'aider !

    - Ta maison est envahie d'elfes noirs Aaron et je suis sûr que d'autres vont arriver en renfort. Bradock se charge d'eux pour le moment mais je ne pense pas qu'il tiendra encore longtemps. Alors même si ta mère est en danger, ma priorité est de te mettre en sûreté.

    - Mais vous dev...

    - Aaron ! Prends ce sceptre ! Je m'occupe de ta sœur. Nous reviendrons ensuite avec des renforts pour ta mère.

    Le désespoir venait de s'abattre sur notre pauvre ami. Il se sentait si impuissant. Un mélange d'émotion le malmenait... De la peur pour sa mère, de la haine pour son père, de la colère pour le non soutien d'Elyas, de la tristesse à l'idée de savoir sa mère peut-être morte. Seulement, à y réfléchir, ce que lui imposait Elyas n'était que la continuité de ce que sa mère souhaitait : Qu'ils soient, lui et sa sœur, à l’abri. Non sans réticence, il attrapa le bâton et comprit bien vite qu'il quittait une nouvelle fois la demeure familiale. Ce qu'il advenait de sa famille ? Seul l'avenir le lui dirait...

     

    Suite "Chapitre 10"


  • Commentaires

    1
    Mercredi 2 Octobre 2013 à 13:55

    Ben voilà, je le savais que c'était une erreur, ce message !

    Beaucoup de suspense et d'action dans ce chapitre, bravo !

    2
    Mercredi 2 Octobre 2013 à 14:07

    Merci ma chère Nathalie ! Oui tu étais dans le vrai^^ Et en effet ce chapitre est assez rythmé... C'est amusant de voir comme la mise en place des premiers chapitres développent les évènements à un moment donné de l'histoire.

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