• Chapitre 1 : Un Monstre chez la Voisine

    Chapitre 1 : Un Monstre chez la Voisine

     

    Les rayons du soleil inondaient la chambre depuis déjà deux bonnes heures et malgré cela, Aaron n'avait pas bougé d'un pouce de son lit, bien trop confortablement installé sous ses draps et dans ses rêves. La porte grinça légèrement, accentuant alors les bruits provenant de l'étage inférieur. Des petits pas sourds se faufilèrent dans la chambre pour arriver jusqu'à notre ami. Et après quelques secondes de silence, la petite frimousse de Zoé, la petite soeur d'Aaron, se fit entendre avec vacarme. La jeune fille de six ans alla même jusqu'à monter sur le lit de son aîné et sauta avec vigueur dessus comme si il s'agissait d'un trampoline.

    - Aaron ! Aaron ! Aaron ! Scandait-elle au rythme de ses rebonds

    Des grognements se firent entendre sous la couette jusqu'à ce que brusquement, le jeune garçon se lève sans prévenir pour attraper sa soeur, la plaquer contre le matelas et lui faire des chatouilles interminables. La gamine ne put s'empêcher alors de rires aux éclats attirant alors l'attention de leur mère qui passa la tête dans l'entrebâillement de la porte.

    - Il est temps de venir déjeuner les enfants, indiqua-t-elle d'une voix doucereuse.

    Zoé profita alors de cette intervention pour s'échapper de l'étreinte de son frère et quitta précipitamment la chambre pour rejoindre le reste de la famille au rez-de-chaussée. Aaron fut plus long à réagir mais cela se comprenait de la façon dont il avait été réveillé. Il prit place assise au bord de son lit et se frotta les yeux comme pour les aider à y voir plus clair. Il enfila ensuite ses chaussons puis avança jusqu'à une caisse de rangement sur laquelle avait été déposée sans vraiment de soin une robe de chambre. Il s'en vêtit puis s'en alla en direction de la porte pour sortir de la pièce. Toutefois, en passant devant son miroir à pied, qui était placé non loin de la porte, il ne put retenir cette envie incontrôlable de se regarder comme l'aurait fait tout autre individu.

    Aaron Durtsam était un garçon plutôt ordinaire. Bon, par chance, malgré ses quatorze ans, il avait pu échapper jusqu'à maintenant aux maléfices de l'acné que subissaient la plupart des jeunes de son âge. D'une taille ne dépassant pas les un mètre soixante, ses camarades de classe étaient souvent bien plus grands que lui. Mais cela n'avait pas d'importance à ses yeux... Enfin c'est ce qu'il disait. Seulement, de son complexe inavoué, Aaron tentait du coup de palier à son défaut en arborant une apparence élégante. Toujours bien coiffé avec des cheveux sculptés au gel, des tenues à la fois tendance et stylée... Bon la vision qu'il avait à l'instant dans le miroir ne reflétait pas ce qu'il était dans la journée mais bon, cela lui permit tout de même de plaquer une mèche rebelle qui menaçait de malmener sa réputation.

    A son entrée, dans la cuisine, Aaron put apercevoir sa petite famille au grand complet réunit devant une table gourmande, préparée avec amour par sa mère sans nul doute. Cette dernière était entrain de verser du café à son père qui était en pleine lecture de son journal. Il est vrai qu'on était dimanche aujourd'hui, les habitudes de chacun prenaient donc possession de la demeure familiale. Zoé quant à elle, dévorait déjà son bol de céréale en regardant par intermittence le dessin animé qui était diffusé sur la télé du salon. Baillant sans retenue, Aaron les rejoignit alors pour s'installer sur le dernier tabouret disponible de la table. Il scruta celle-ci rapidement et s'empara alors d'un pain au chocolat qui trainait en plein centre.

    - Tu as bien dormi mon chéri ? L'interrogea sa mère avec toujours autant de gentillesse dans la voix.

    - Humhum, marmonna-t-il comme confirmation en mâchouillant son petit déjeuner.

    Madame Durtsam était une femme vraiment adorable et dont le caractère ressemblait beaucoup à celui d'Aaron. Calme et discrète, elle tentait du mieux qu'elle pouvait de faire plaisir au plus grand nombre de personne. Toutefois, elle n'était pas idiote et sa patience avait des limites. Croyez le : Il n'était pas bon de la mettre en colère. Elle se joignit à la tablée en picorant quelques quartiers d'orange dont la couleur rappelait la tenue qu'elle portait ce jour là. Oui, car Madame Durtsam détestait le noir et toutes les couleurs sombres. C'est pourquoi, comme à son habitude, elle portait ce jour là une tenue colorée qui lui allait fort bien.

    - Tu as prévu quelque chose à faire aujourd'hui ?

    - Je pense que je vais aller voir Justin, indiqua notre ami en haussant les épaules comme pour montrer qu'il n'y avait pas vraiment réfléchi.

    - Je ne crois pas non, les interrompit une voix plus froide.

    Le journal que tenait en l'air jusqu'à présent le père s'abaissa pour le laisser apparaître derrière. Lunette carrée, visage fermé, barbe de trois jours, les cheveux grisâtres, vêtu d'un costume cravate qui l'étriquait légèrement, monsieur Durtsam était quelqu'un de plus hermétique à la gentillesse. Il avait toujours aimé l'ordre et le respect ce qui sans doute l'avait poussé à devenir ce militaire reconnu qu'il était aujourd'hui. Cela ne voulait pas dire qu'il n'aimait pas sa famille pour autant... mais disons qu'il était moins expressif de ce point de vue là.

    - Je te rappelle jeune homme que nous sommes le premier dimanche du mois et que tu dois donc aller aider madame Hildebert à tondre sa pelouse.

    - Mais papa je...

    - Il n'y a pas de mais qui tienne Aaron.

    Le visage du jeune homme s'assombrit tandis que le silence regagna la cuisine. Monsieur Durtsam reprit comme si de rien n'était sa lecture. Sa femme fit mine de s'intéresser à l'épluchage d'une nouvelle orange. Et Zoé quant à elle n'avait d'yeux que pour son dessin animé dont le son était pourtant fort bas. Aaron ragea sans bruit tout en dévorant son petit déjeuner. Lui qui avait prévu une journée détente le voilà obligé d'aider une vieille bique parce que son père l'avait puni pour une chose qu'il n'avait pas commise. C'était vraiment injuste et pour montrer son mécontentement, il décida de quitter aussitôt la table pour monter s'isoler un peu.

                                                  ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤ ¤

    Il était aux alentours de 14h00 quand Aaron quitta la demeure familiale pour se rendre à pied jusque chez Madame Hildebert. Par chance, elle habitait le même quartier que lui, trois maisons plus loin. Mais quelque part, même si elle avait habité plus loin, notre jeune ami était persuadé qu'il n'aurait eu aucun mal à reconnaître sa maison. En effet, appartenant au club du troisième âge, Madame Hildebert n'était pas quelqu'un qui s'occupait beaucoup de sa devanture. Pourtant, autrefois, elle faisait bien des envieux avec sa pelouse d'un vert impeccable, coupée à souhait et ses fleurs aux parfums enivrants. Mais cela n'était plus qu'un lointain souvenir. Aaron devait affronter à présent une jungle de banlieue comme il aimait l'appeler. La pelouse avait atteint une hauteur démesurée ce qui rendait la tâche bien ardue. Pour preuve, le pauvre termina son travail alors que l'église de la ville avait sonné il y a peu les 18H00. Quatre heures !!! Voilà comment il avait perdu un après midi entier à effectuer une punition qu'il n'aurait pas du avoir. Il avait pourtant tout fait pour prouver à son père que ça n'était pas lui qui avait triché à son dernier devoir mais son père n'avait rien voulu entendre.

    Son travail terminé, Aaron rangea la tondeuse dans le garage de la vieille dame comme elle le lui avait demandé. Il décida ensuite d'aller la prévenir qu'il partait mais lorsqu'il toqua une première fois à la porte, elle ne lui répondit pas. Il frappa une seconde fois avec plus de force mais comprit qu'il y avait été un peu fort cette fois car la porte s'entrouvrit toute seule sans que quiconque ne vienne lui ouvrir.

    - Madame Hildebert ? C'est moi, Aaron ! Je viens vous dire que j'ai terminé ! Madame Hildebert ?

    Malheureusement, malgré les efforts de l'adolescent, il n'eut pas la réponse qu'il attendait. Mais avait-il vraiment besoin de sa bénédiction pour partir ? Après tout ça n'était qu'une vieille bique qui se parlait souvent toute seule ! Haussant les épaules comme pour se dire non à lui-même, il descendit les quelques marches pour reprendre sa route... Mais un bruit sourd se fit entendre dans la maison qui le stoppa net dans son avancée. Pivotant sur lui-même, il jeta un oeil intrigué, espérant voir apparaître la vieille dame. Seulement, personne ne se présenta à lui. Qu'est-ce qui avait pu causer ce bruit ? D'abord hésitant, Aaron laissa sa curiosité l'emmener jusqu'à l'intérieur de la bâtisse dont il n'avait jamais foulé le sol.

    Il arriva alors dans un long couloir qui devait desservir de multiples pièces au vu des nombreuses portes qui étaient visibles. Un escalier était également présent sur la gauche du couloir menant à l'étage supérieur et offrant aux personnes qui l'empruntaient, le loisir de contempler une ribambelles de tableaux accrochés tout du long. Mais une chose retenue davantage l'attention d'Aaron qui grimaça : L'odeur de vieille soupe réchauffée qu'on rattachait souvent au petit vieux et Madame Hildebert n'échappait pas à cette règle. Il porta alors sa main à son nez comme pour tenter de faire barrière et avança de quelques pas.

    - Madame Hildebert ! Vous êtes là ? Votre porte était ouverte et je...

    A nouveau, un bruit se fit entendre mais il fut un peu plus prononcé cette fois. Venant de l'étage, Aaron jeta un oeil en haut de l'escalier mais ne vit rien à part le fait que la luminosité était bien plus faible en haut. Sans doute parce que la propriétaire des lieux laissait continuellement ses volets fermés. Au point où il en était, notre ami décida de monter les marches pour se rendre au premier étage. Il dut attendre quelques instants avant de s'adapter au noir ambiant. Là encore il fit face à un long couloir parsemé de plusieurs portes. Mais le bruit se répéta de nouveau, et encore, et toujours...  Permettant au jeune garçon de prendre le chemin menant jusqu'à lui. D'une main moite, il tourna la poignée de la porte la plus éloignée du couloir et pénétra ainsi dans une petite pièce étrange.

    Cette dernière, qui ne devait mesurer que trois mètres sur trois, ne présenta qu'un simple coffre de bois. Étrange, d'autant que le bruit ne se faisait plus entendre à présent qu'il avait pénétré dans cette pièce. Sur le coup, la raison commençait à rattraper Aaron qui se disait qu'il était peut-être préférable pour lui de partir plutôt que de se promener dans la maison de la vieille dame. Sauf que brusquement le coffre remua le faisant sursauter. Mais qu'est-ce que cela pouvait être ? De son insouciance d'enfant, le jeune garçon se laissa porter jusqu'au coffre alors que son coeur lui s'emballait en imaginant toutes les choses possibles et inimaginables que pouvait contenir la malle. Fébrile mais toujours autant curieux, il posa ses mains sur le coffre et les fit glisser tout au long pour les mettre de part et d'autres de ce dernier. Puis, retenant son souffle, il l'ouvrit lentement.

    Le peu de lumière existant dans la pièce ne l'aida pas à bien voir de suite ce que contenait le coffre. Mais lorsqu'un bec acéré suivi pas deux gros yeux rouges s'approchèrent de lui, il prit peur en criant et relâcha le couvercle qui se referma brutalement sur la chose. Paniqué, Aaron comprit qu'il était grand temps pour lui de partir d'ici avant que cette bête ne le dévore. Il prit ses jambes à son cou et courut le plus vite possible pour s'échapper de cette maison des horreurs. Seulement dans la précipitation, il ne prit pas attention et son pied se prit dans le tapis qui était posé en haut de l'escalier. La chute fut alors inévitable et Aaron fit un joli roulé-boulé jusqu'en bas des marches pour finir par se cogner violemment la tête. Sa vision se troubla petit à petit et avant qu'il ne perde connaissance une étrange ombre noire refit surface en haut de l'escalier... Possédant toujours ces deux yeux rouges inquiétants.

     

    Suite "Chapitre 2"


  • Commentaires

    1
    Jeudi 20 Mars 2014 à 21:09

    Je découvre ce premier chapitre avec grande joie
    L'histoire est toujours aussi agréable à lire :)

    2
    Mardi 1er Avril 2014 à 21:54

    ouaaa c'est génial, j'ai  fait ma curieuse et voilà que j'ai lu le 1er chapitre d'une traite, c'est captivant et ça donne envie de lire la suite...

    Mme Mediapics ;)

    3
    Jeudi 3 Avril 2014 à 14:03

    Coucou tous les 2 !

    Merci milles fois d'être passé et d'avoir pris le temps de me déposer un commentaire si sympathique. ^^

    C'est toujours un plaisir de voir que mon récit plait et accroche le lecteur^^ J'espère que j'aurais l'occasion de connaître vos impressions sur la suite des aventures d'Aaron !

    Au plaisir

    Lulux

    4
    Vendredi 4 Avril 2014 à 20:46

    coucou lulux

    mais de rien, c'est sincère, je n'ai pas encore eu le temps de lire la suite mais dès que je trouve un moment, je m'y jette, bonne continuation ;)

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    5
    Samedi 6 Décembre 2014 à 22:49

     hum du suspense et du mystère . sa donne envie de lire la suite

    6
    Lundi 8 Décembre 2014 à 09:47

    j'ai  vraiment envie de lire la suite

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